Immensité verticale

Et devant s’élève peu à peu les plus grandes parois des alpes. Au dessus du Val Veny, d’interminables parois rocheuses s’élancent vers le ciel majestueusement. Les montagnes alentours semblent toutes petites à côté de ces géants de granit. En élevant son regard, d’abord des pentes en moraines, très peu, pour monter tout de suite dans le rocher herbeux avant de trouver un glacier ou une paroi encore plus raide qui monte et monte encore jusqu’à un glacier rempli de séracs. Le rocher reprend le dessus et emmène nos yeux vers les hauts sommets enneigés. De somptueux glaciers descendent en cascade dans ce rocher oppressant. D’immenses séracs font mine de tomber et se retiennent. Sous leurs langue de glace, un torrent jaillit et sombre dans les abîmes en interminables cascades. A côté un refuge a été construit on se demande comment, petit point de vie dans cette immensité rocheuse et glaciaire. Une petite étoile le soir dans le ciel rocheux. Les alpinistes y mangent et dorment avant de partir à l’assaut d’un sommet environnant aux premières heures. Ils appartiennent à la montagne, quel honneur et quel bonheur! Le soir, juché pile en face de ces grandes dames et leurs robes de nuages crépusculaires, je projettais déjà d’aller y faire un tour, là haut, tout là haut, aussi haut que cela puisse être, pour vivre ces moments de solitude et de communion, et admirer encore ce que Samivel a dessiné. Les grands noms du Massif du Mont tournaient dans ma tête. Tous les drames et les histoires que j’avais entendues. L’aiguille noire de Peuterey, Talèfre, la Brenva, le Mont Maudit, le couloir des italiens, la pointe Walker. Balmat, Saussure, Whymper, Bonatti, Rébufat, Terray, Berhault et tous ces noms d’un passé magnifique et terrible aussi. Tous ces noms résonnaient en une petite musique grave et oppressante me poussant à aller de l’avant et voir le rocher d’encore plus près.