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El chico loco
29 août 2011

Vagabondage on the road

 

En cette fin d’été, les trains passent ; comme d’habitude, en fait. Il me reste encore une heure avant que le mien me ramène à Gap, avant qu’il me renvoie à la vraie vie, à la société normale et ses horaires, ses salaires, ses courses, ses loyers… Ces trois jours, encore, je me suis enfui, sous mon costume de vagabond. Au gré de nos envies, avec ma compère Laura, nous avons parcouru les plus belles routes de la saison. Nous avons flâné au marché du samedi matin. Ça sent la lavande et les légumes bios, on est bien dans la Drôme. Les passants honnêtes  et vacanciers bienséants s’offusquent de nos discussions un peu trop osées à un peu trop haute voix et de nos rires un peu trop ouverts. On se marre. On n’en a rien à cirer, on boit du rosé au son de l’accordéon. On achète des bouquins au barman, on échange trois conneries et on file en Ardèche. Oui car cette aprem, on va voir l’abbé. C’est un fameux pote qui bosse là bas pour l’été mais qui reste le plus clair de son temps complètement injoignable. Faut tenter, on va le trouver par surprise. La route est belle et on file à travers les méandres routiers d’Ardèche. De fil en aiguilles, du parc où il bosse à sa roulotte, on finit par le dégotter avant qu’il s’en aille à Grenoble dans le Vercors. Alors, puisqu’il fait beau et qu’on est là, on pique une tête ensemble. Ça plonge bien, les vacances sont sur leur fin. Et ce dingo enchaîne les voies d’escalade et les sauts de l’ange. Pendant ce temps, Laura reprend ses esprits des dernières émotions. Après un bon rappel des hostilités prévues les semaines suivantes, on se quitte sans trop pleurer, et je reprends la route avec ma douce Laura. Direction Bonneveaux, bled d’à peine cent âmes indiqué par le guide abbé. Un festival musical nous attend : Reggae acoustique, rock festif à coulisse et tout le toutim. La route sinue tant et plus. Puis elle s’élève, et passe au dessus d’un ruisseau des plus accueillant. S’élève et sinue encore dans les châtaigniers. Et voilà les trois baraques de Bonneveaux. On monte encore jusqu’au col du Péras, siège de la soirée, amphithéâtre de pierre. Le soleil se couche sur la Lozère, au loin le Ventoux s’éteint. La musique prends la suite de la lumière, les frites cuisent, la bière et le vin coulent dans nos gosiers. Les corps se réchauffent et la musique pète. Le bassiste blond et sa grosse voix accompagnent le guitariste dreadeux qui rythme et chante sacrément aigu. Quand les deux là se calment, le guitariste de gauche s’active et nous envoie une ribambelle de solos bien placés et impeccables. Evidemment, derrière tout ça, un batteur surnommé « l’ancien » rythme le tout et tambourine tout ce qu’il peut.

Des grands maigres barbus errent et tourbillonnent. On est au cœur des communautés du retour à la campagne des années 70. Tout un imaginaire magique les entoure. Ils paraissent comme des vieux sages qui ont vécu un rêve. Ils auraient tant à nous apprendre mais dégagent une aura telle, qu’on s’y heurte. Puis le guitariste s’affole et nous emporte. Adrian et Célia n’y pourront rien, ni le chanteur du plus pur style abélien.

Réveil au petit matin, des punks encore très excités écoutent de la musique. Nous, on se taille et on remercie ce lieu emprunt de culture humaniste de nous avoir accueillis.

Laura me dépose avec mon vélo et sa charrette au premier bled. Je devais trop puer, ou alors c’est qu’elle devait voir de la famille à trois heures de là. Je me retrouve seul sur ma bicyclette. Seul, comme cela ne m’étais pas arrivé depuis si longtemps. Juste en tête à tête avec ce fichu moi-même que j’avais pas croisé depuis un bon bout. Enfin. Seul dans ce pays perdu, comme délaissé, mais si beau, qui évoque pour moi la pleine sérénité. Vertes vallées, hauts monts… La confiance là, cette terre est bienveillante. Visite au chef de gare pour planifier le retour à Gap ce soir…Après les multiples simulations du bonhomme, je retombe sur mon plan initial. Ces fumiers de la SNCF sont pas capables d’aligner les trains qui acceptent les vélos. J’irai donc à Bollène ce soir, 110 km plus loin. Mais avec dix bonnes heures devant moi, la vie. Une visite à la boulangère de Genolhac et au café du coin, et hop, c’est parti pour la chevauchée. Ça pédale, et j’admire le vert de la Lozère, le bleu pur du ciel, un sourire au moins jusqu’aux oreilles. Je me retrouve, des gestes simples, un objectif simple, rien à penser, tout à penser. La route au pied du Mont Lozère est majestueuse et s’élève jusqu’au col qui permet de rejoindre Les Vans. Je me rappelle les vacances familiales dans le Tarn non loin d’ici. Les mêmes cailloux, les mêmes genêts. Mes souvenirs s’engouffrent dans un chemin sur la gauche. On dirait une profonde forêt vosgienne. Je me revois gamin, construisant des cabanes au pied des hêtres et glissant dans les feuilles avec les copains. La même végétation ici, en versant nord et ombragé. Des sapins, des grands pins, des hêtres, de la bruyère et le chemin qui devient sentier. Je laisse alors mon vélo et monte au sommet à pince. Et là, tout le panorama s’ouvre à moi, des Cévennes aux Monts d’Ardèche avec le puissant Mont Lozère au milieu. Disséminés ici et là, quelques hameaux de pierre, des bergeries sont perdus au milieu des forêts et des landes de bruyères et de genêts. Ce pays m’attire, me parle. Tout à la fois sévère, rude et chatoyant. Un jour je vivrai dans le coin.

Maintenant, manger mes victuailles et reposer un tantinet car les heures dernières ont été chaudes ! Les tâches vitales m’appellent. Voilà les vraies tâches de la vie. Ça a plus de gueule que de calculer une ligne d’eau et d’en pondre un rapport. Le hamac tendu entre un hêtre et un pin, je pose mes réflexions d’heureux cycleur sur ce carnet. Le temps me paraît suspendu comme un saucisson et je prends conscience du frénétisme aberrant de la vie dans notre société. Vie professionnelle, vie sociale, loisirs… Comment retrouver dans tout ça la sérénité, la plénitude, le calme, la nature et la pépouzerie ? J’y suis à présent et en redemande encore et encore. On s’éloigne de cette Terre mère qui nous a fait ! C’est presque comme si on la reniait et qu’on s’en fichait ! Voyons comme il est bon d’être près d’elle.

Le temps me rappelle, me rattrape. Il faut que j’y retourne, pédaler. Et c’est pour une descente fantastique. Quitter ce pays si vite est un peu difficile mais au loin je distingue les alpes. On reconnait le Vercors, le Grand Veymont, le glacier de la Girose, les écrins, le Dévoluy et bien au sud, le géant de Provence… Après quelques bavardages avec des badauds aux Vans, je file, pédale sous le cagnard, et avale les kilomètres plats. Les cyprès remplacent les sapins, les oliviers et les chênes ont pris la place des hêtres. Le calcaire remplace les grès et les roches volcaniques cévenoles.

Ronronnant sur ma bécane, je me retourne de temps en temps, voir s’éloigner le grand Mont Lozère et les hauts ardéchois. La civilisation revient. La route est de plus en plus large, avec de plus en plus de circulation. Des flics, des ambulances, des motos… Et puis des lignes électriques, des voies de décélération, des champs immenses, des déchetteries. Et enfin la gare de Bollène où je pose ces quelques lignes.

Un week end grandiose, une journée bénéfique. Mais trop court. J’en retiens tous mes amis qui m’ont manqués, cette chère Laura toujours partante pour une connerie du genre… Un jours on se fera ça plus longtemps et ensemble, bien pépouze dans un coin de paradis.

 

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Commentaires
B
Je découvre ce blog, je n'en avais pas souvenir.<br /> <br /> T'es bon mec, ton idée est la bonne, à coup sure !<br /> <br /> Je t'embrasse mon pote, et à très très bientôt ! (Genre dans 10 jours !)
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El chico loco
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