Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
El chico loco
18 février 2011

Ski ski ski

Durant deux jours, les forêts, les clairières, les combes se sont animées soudainement. Les cloches, les cris, les clameurs ont résonné dans les villages du haut Jura. Prémanon, Les Rousses, Bellefontaine, Bois d’amont, Chapelle des bois et surtout Mouthe, ont connu une grande fête. Dans les forêts du Massacre et du Risoux, seuls sifflaient les souffles des skieurs et leurs frottements de skis sur la neige. Ils se suivent, se doublent, se saluent, dans un souffle d’efforts et de plaisirs.

DSC00051_

 

Si le but officiel de cette procession de fourmis est Mouthe, les raisons de tous ces efforts sont multiples. On peut venir pour traverser ces paysages mythiques, ce milieu rude, filer parmi les immenses épicéas croulant sous des tonnes de neige. Partie intégrante du grand folklore de la transju, on sera alors ramené à notre condition primaire de skieur : la traversée d’un vaste et haut pays, passant par de larges combes, des forêts profondes et des villages chaleureux. Voyager d’une manière, devenue désuète, à travers ce noble pays, est aussi certainement un but chez tous ces skieurs. C’est l’occasion rêvée de faire une traversée, rapidement, loin des boucles raccourcies de nos stations nordiques françaises.

DSC00021_

On vient également pour se donner l’occasion de se mesurer aux grands de la discipline. On pourra avoir une référence physique et technique. Tous les ans, le grand concours amical sera lancé. Tous seront présents. Les amis habitués, les connaissances, les renommés, les inconnus, toute cette grande masse de fondeurs de France et d’Europe. Tous seront passés par les mêmes préparations.

depart_20transjurassienne

Tous auront avalés les kilomètres depuis le mois de Novembre. Tous auront passé Noël  le nez au vent, bravant toutes les conditions pour sentir la vitesse sous ses semelles. Le but de cette préparation, de cette acclimatation est autant physique que morale. Le skieur doit pouvoir se faire accepter du milieu nordique, de la piste et des éléments naturels vivants, cristallins et atmosphériques. Tous les skieurs se seront également enfermés la veille dans les vapeurs de glisse, fer et brosse en main. Le fartage aura animé les discussions et les soirées. Chacun y mettra sa petite touche personnelle, s’enivrant d’odeurs de paraffine, de poussettes ou de klisters.

P1000161

 

L’effort est intense, dur, continu. Perdu au milieu du Risoux, le skieur slalome entre les sapins, suit les courbes de la piste, double encore des skieurs en attaquant les ministres. Les pas se succèdent, les muscles surchauffent, le souffle est court, les arbres virevoltent, les flocons dansent soudainement face aux mouvements successifs et coordonnés du patineur, proche de l’inconscience. Dans une nuée d’étoiles, la descente arrive enfin, salvatrice. La bise cristalline qui fouette le visage réveille, la piste s’avale à grande vitesse. Tombeau ouvert, le skieur réalisera que la souffrance de l’effort génère d’autant plus de plaisir.

Et le train infernal reprendra, dans cette hymne à la vie pour atteindre son paroxysme sous la grande cloche de Mouthe, libération de l’être, étreinte finale du pays jurassien et du ski nordique à ses fidèles.

6

 

Peau d'lapin!

 

Publicité
Publicité
Commentaires
El chico loco
Publicité
Publicité